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Nous avons aimé lire en 2018

Les Rêveurs / Isabelle Carré. - Grasset, 2018

 

Isabelle Carré dit d’elle : « Je suis une actrice connue que personne ne connait ».

Dans son premier roman ancré sur sa propre histoire, elle nous conte ses déchirures d’enfance et son adolescence mouvementée dans les années 70, au sein d’une famille très décalée. Issue de deux milieux différents : aristocratique, pour sa mère, dont les parents possèdent un château en province et d’une famille de cheminot, pour son père. Deux univers différents, un fossé de règles d’éducation et de savoir-vivre.

Les rêveurs ? Ce sont ses parents unis faute de mieux, son père, designer célèbre et homosexuel, qui ne s’assume pas comme tel, sa mère qui porte en elle l’amour de ses 18 ans, père de son premier enfant, psychologiquement fragile et absente. Un couple qui essaie de construire sa vie, qui tâtonne, se cherche, qui doit faire avec ses secrets, ses mensonges, ses désirs d’aller vers plus de sincérité.

C’est aussi Isabelle, qui choisit le métier de comédienne pour s’inventer mille vies différentes.

Ce premier roman écrit sans chronologie avec grâce et poésie ouvre une porte sur ce que cache la douceur du sourire d’Isabelle.

 

 


Dans la forêt / Jean Hegland. - Gallmeister, 2018

Récit initiatique, post-apocalyptique ?

Nell et Eva, deux adolescentes, se retrouvent seules, dans la maison de leurs parents disparus, livrées à elles-mêmes, au milieu d’une propriété de 32 hectares de forêt au nord de l’Etat de Californie.

La civilisation s’effondre : plus d’électricité, plus de pétrole, plus de commerce, plus de communications possibles, une misère de masse et beaucoup de morts, des services et des administrations asphyxiés. Les catastrophes écologiques s’enchaînent aussi : crues dévastatrices, incendies, sécheresse… Et leurs rêves qui les habitent toujours : Nell veut étudier à Harvard et compulse livres et encyclopédies, tandis que sa sœur Eva veut intégrer un Ballet et s’entraîne à la barre. Mais sans électricité, pas d’Internet, pas de musique !

Commence alors pour les deux sœurs le chemin du retour à la terre, la recherche et l’expérimentation vers une survie et la compréhension du monde végétal et animal qui les entoure et dans lequel force ne signifie ni puissance, ni violence.

Oui, un autre monde est possible et le message clair et puissant, sensible et humain, suggère au lecteur une vitale et urgente remise en question.


Fannie et Freddie / Marcus Malte. – Zulma, 2014

Retour en arrière sur l’œuvre de Marcus Malte, découvert avec l’excellent titre « Garden of love ».

Dans ce livre, Marcus Malte nous propose deux nouvelles percutantes.

Fannie et Freddie

Fannie se prépare pour son rendez-vous « amoureux ». L’inconvénient, c’est que l’homme qu’elle a dans son viseur n’est pas encore informé qu’il est l’élu !

Elle l’a choisi pour une simple raison : assouvir une vengeance personnelle ! Jusqu’où peut-on aller lorsque la colère et la tristesse sont à ce point maîtres de votre vie…

Cette nouvelle est à vous glacer le sang tant elle est cynique.

 

Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas

Ingmar marche régulièrement sur une plage de la Côte d’Azur, là où son ami d’enfance, Paul, a été retrouvé mort, trente ans plus tôt.

Pour lui, c’est l’occasion de se souvenir du passé mais surtout de se rappeler que l’assassin de son ami n’a jamais été identifié.

Devenu policier pour résoudre lui-même cette énigme, Ingmar nous révèle les éléments de l’enquête qui vous conduiront tout droit à l’assassin !

Peut-on se soustraire à son passé ? Est-il possible d’oublier ? Cette nouvelle policière, à dévoilement progressif, propose une chute bien originale…


Maramisa / Vincent Engel. – Les Escales, 2018

Charles Vinel est un jeune archéologue et professeur d’université en mal de reconnaissance et de projet palpitant. Il subit sa routine quotidienne jusqu’au jour où il est approché par le richissime et mystérieux homme d’affaires Hermann Kopf. Ce dernier lui propose de retrouver Maramisa, cité millénaire perdue quelque part en Asie et dont il resterait quelques descendants éparpillés de par le monde. Fouilles archéologiques, décryptage linguistiques et découvertes historiques se succèdent pour enfin révéler la grande civilisation des Maramis. Mais cette quête cache en fait un objectif tout différent : la lutte contre le temps qui passe !

Ce roman,bien qu’un peu long, est un mélange étonnant d’enquête historique, de quête spirituelle et de science-fiction.

 

 

 

 


L’art de perdre / Alice Zeniter. - Flammarion, 2017

Un récit puissant sur les non-dits de la guerre d’Algérie racontant avec une rare empathie le destin d’une famille kabyle des années 30 à aujourd’hui, avec pour point de départ Naïma, « immigrée » de troisième génération, qui ne connaît que peu de choses sur sa famille et sur l’Algérie :

Ali, son grand-père enrichi dans le commerce des olives et devenu harki avec la guerre d’indépendance, disparaît avant de lui parler. Sa grand-mère Yema ne parle qu’arabe, une langue que Naïma ignore. Son père Hamid préfère taire l’histoire familiale, honteux de son propre père.

Captivant du début à la fin, un livre où l’on se dit qu’il va vivre en nous longtemps.

 

 

 


Patria /  Fernando Arramburu. - Actes Sud, 2018

Pourquoi ce roman est-il un tel succès en Espagne (12 éditions, 150.000 exemplaires, traduit en 5 langues, adapté en série télé) ? Parce qu’il présente les années Eta, l’organisation séparatiste armée basque, responsable de 829 morts pendant près d’un demi-siècle et retrace ce conflit fratricide qui a divisé tant de familles et brisé tant d’amitiés, une organisation qui a déposé les armes définitivement en octobre 2011.

L’auteur nous le raconte à partir de deux familles rivales dans un village autour de Saint-Sébastien ou plutôt, à partir de deux femmes autrefois amies. Miren et Bitorri, deux femmes au foyer au fort caractère. Bitorri appartient au camp des victimes : son mari, un petit entrepreneur de camions quia refusé de payer l’impôt révolutionnaire, a été assassiné, ce qui l’a poussée à quitter son village et Miren qui, elle, fait partie du camp adverse - son fils Joxe Mari, passé à l’ETA, séjourne en prison. Il a probablement participé à l’assassinat du mari de Bitorri et celle-ci est revenue au village avec une seule idée en tête, obtenir un pardon de Joxe Mari.

C’est un beau récit intéressant, haletant, alternant flash-back et présent, qui relate les douleurs d’une Espagne et d’un Pays Basque ravagé par le chantage, l’extorsion, les tyrannies locales, les silences complices. Un roman pour les jeunes générations qui n’ont pas connu l’Eta.

 

 


Summer / Monica Sabolo. - Lattès, 2017

Benjamin, un homme de 38 ans est toujours hanté par la disparition de sa sœur Summer, 20 ans plus tôt. Consultant un enième psychologue, il tente de remonter dans ses souvenirs et de chercher ce qui a provoqué la disparition de celle-ci, un jour d’été, pendant un pique-nique au bord du lac Léman avec ses amies. Il avait pourtant une famille brillante, un père ténor du barreau, une sœur splendide, une mère élégante et belle et mais lui, est le vilain petit canard, maigre, timide, anxieux.

De mensonges en mensonges, de révélations en révélations, autour des eaux troubles du lac, les fantômes prennent forme et les vérités deviennent évidences. Enfuie, enlevée, assassinée, noyée, nul n’a jamais su ou jamais dit ce qui s’était passé et son corps n’a jamais été retrouvé. Seul, le frère reste empêtré dans cette absence.

Des bribes d’enfance lui reviennent, des odeurs, des sensations, des visions où sa sœur est sirène, dépouille, Ophélie, dans les eaux troubles du lac. Un beau roman psychologique, au langage métaphorique et poétique, où l’eau est omniprésente et joue dans les souvenirs d’une mémoire où les secrets y sont enfouis.

 

 


Le semeur de croix / Philippe Colmant. - Demdel, 2017

Un auteur arlonais, poète de surcroît, nous livre son premier roman d’une belle écriture simple mais efficace et teintée d’humour.

tueur en série signe chacun de ses meurtres par des croix blanches. Dans ce roman policier qui se passe dans le milieu mafieux du bâtiment, on connait déjà l’identité du tueur, c’est un homme solitaire qui aime la musique classique, la poésie et qui court tant pour se détendre que pour muscler son corps et surtout pour oublier et bien sûr, il y a un commissaire qui le suit pas à pas et qui en arrive presqu’à trouver ce tueur sympathique.

Un roman réussi qui nous tient en haleine jusqu’à la fin.

 

 


Changer l’eau des fleurs / Valérie Perrin. - Albin Michel, 2018

Le premier roman de Valérie Perrin « Les oubliés du dimanche » avait séduit lecteurs et critiques. Son second roman, plein de délicatesse, d’émotions, de simplicité est tout aussi réussi

L’héroïne, Violette Toussaint, enfant de l’assistance, après avoir été garde-barrière, est devenue garde-cimetière, comme pour mieux se rapprocher de sa petite fille , morte tragiquement. Son mari a disparu sans laisser de traces, un jour en partant à moto, il n’est jamais revenu. Rien n’a été simple dans la vie de Violette, pourtant, ce cimetière sera le témoin de sa renaissance.

Car son quotidien est rythmé par ses rencontres : les fossoyeurs, le prêtre de la paroisse, les officiers des pompes funèbres, les gens de passage qui se confient ou prennent un café après un enterrement. Tous l’aiment car elle est joviale, douce, lumineuse (elle porte des couleurs vives sous son manteau noir), elle écoute, cultive ses fleurs, cuisine pour tout ce petit monde, qui le lui rend bien et on s’attache à ces personnages écorchés vifs et si chaleureux.

 

 


Ör / Audur Ava Olafsdottir. - Zulma, 2017

L'auteure islandaise nous plonge à nouveau dans une histoire sensible et profondément humaine.

Jonas a 49 ans et ne trouve plus de raison à poursuivre sa vie : divorcé, il ressent tout le poids de la solitude et souffre d'avoir appris que sa fille unique n'est finalement pas de lui. Sa mère qu'il va régulièrement voir en maison de repos perd toute notion de réalité, accaparée par la maladie d'Alzheimer. Pour Jonas, plus rien ne vaut la peine d'être vécu. Il décide donc de mettre fin à sa vie mais ne veut pas infliger la vue de sa dépouille à sa fille.  Il part alors pour un pays en guerre pensant pourvoir accomplir là-bas son morne dessein. Il emporte malgré tout avec lui sa perceuse pour être sûr que le crochet de sa potence sera bien fixée !

Arrivé sur place, Jonas comprend que son mal être est "déplacé " au regard de toutes les souffrances que les autochtones ont endurées à cause de la guerre et de ses atrocités.  Peu à peu, il retrouve du sens à sa vie en apportant une aide manuelle aux personnes qu'il rencontre. En reconstruisant peu à peu ce pays dévasté, c'est finalement sa vie qu'il finit par nourrir de l'intérieur.

Ce roman construit tout d'abord sur le thème du désespoir est au final une ode à la vie, écrit comme toujours avec une grande délicatesse, un peu d'humour dissimulé et beaucoup d'émotions.

 


 

Ginny Moon /Benjamin Ludwig. – H. Collins, 2017

Ginny Moon, adolescente autiste qui vit enfin avec une « famille-pour-toujours » aimante, n’a qu’une idée en tête : retrouver sa Poupée pour pouvoir s’en occuper. Pour cela, Ginny cherche à se faire kidnapper par sa mère biologique qui n’a pourtant pas su prendre soin d’elle. Avec les moyens dont elle dispose, parviendra-t-elle à sauver sa Poupée ? Pourra-t-elle faire comprendre aux adultes l’enjeu de cette quête ?

Ce premier roman, écrit par B. Ludwig lui-même parent adoptif d’une adolescente autiste, nous offre à vivre le monde intérieur de Ginny. L’histoire, palpitante, alterne épisodes graves et humour et laisse le lecteur empli d’émotions pour cette ado attachante et déterminée. Un roman d’apprentissage profond et vibrant.

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